« Petites villes de demain » Développer l’emploi dans les petites villes de Touraine

Bonjour Stéphane. Vous proposez un projet pour dynamiser et contribuer au développement des petites villes en Touraine. Comment vous est venue cette idée et en quoi consiste-t-elle ?

Sur quelles données vous fondez-vous pour imaginer le monde à venir ? 

Le projet s’est construit au fil de ces dernières années, avec des amis, nous avons eu envie de proposer des solutions, nous avons alors créé Oser autrement.fr une association pour valoriser les idées et suggérer aux petites villes et villages d’être accompagnées dans leur développement.

Pourquoi les petites villes et villages ? Etes-vous spécialisé dans l’accompagnement ou dans le développement local ?

Oui, nous sommes souvent des professionnels de l’accompagnement dans nos métiers, j’accompagne les personnes en recherche d’emploi, notre équipe est spécialisée dans l’encouragement à l’entreprenariat. La plupart d’entre nous ont créé leur entreprise ou proposent du temps pour échanger des idées et des avis dans ce domaine. Nous pouvons accompagner les citoyens dans le développement de leur ville, aidés par leurs élus. Accompagner ce n’est pas faire à la place. Nous avons par exemple parmi nos adhérents des spécialistes du développement industriel mais il est important que les habitants s’impliquent aussi. Nous sommes tous bénévoles. Nous défendons l’idée que le développement local est générateur d’emplois. Plus le nombre de résidents augmente et plus se développent les services, les commerces, les écoles.

Vous proposez des solutions pour créer des emplois ?

Oui mais pas uniquement. Les emplois municipaux cela coûte cher et il y a moins d’argent. Il faut donc innover et trouver de nouvelles solutions. Par exemple nous avons décidé de créer l’association REP Rencontres et Echanges Professionnels.fr en 2015 afin d’encourager la création d’entreprise individuelle, après avoir constaté que l’emploi salarié diminuait régulièrement depuis 30 ans. En France, 85 % des entreprises n’ont pas de salarié, si vous additionnez les commerçants, les artisans, les professions libérales, les micro-entrepreneurs. L’entreprenariat est donc un des remèdes possibles. Avoir des idées n’est pas toujours facile mais les mettre en œuvre et les faire réussir c’est encore plus compliqué. C’est notre domaine que de faire réussir les idées. C’est utile, c’est social, cela nous plait.

Quand avez-vous décidé de créer Oser autrement ?

Après le premier confinement qui a fait disparaître encore un peu plus l’emploi. L’endettement de certaines villes ou de certains villages était déjà important, la COVID est venue creuser encore plus le déficit. Notre proposition se présente comme un moyen de créer des emplois sans reporter le coût sur la commune. En augmentant la population nous augmentons les besoins à satisfaire et notamment l’aide à domicile, l’entretien des jardins, l’appel à des artisans.

Mais augmenter le nombre des citoyens d’une ville, c’est augmenter les besoins en service de ses habitants et donc les dépenses de la commune ?

Nous commençons notre démarche, elle un peu innovante, elle consiste à travers le travail d’un petit groupe de bénévoles, à valoriser des biens souvent peu visibles et à un prix intéressant, moins de 100000 euros. Ces biens sont mis en valeur par ce groupe de bénévoles sur un site Internet qui présente et valorise les services et le patrimoine de la commune. En contrepartie d’une acquisition à bon marché, le nouveau propriétaire s’engagera à participer bénévolement aux services de la commune, quelques heures par mois. Cela facilitera son installation et son intégration.

Comment comptez-vous vous y prendre pour convaincre de s’intéresser aux petites villes ?

Il est déjà possible de consulter notre proposition sur le site Internet Oser autrement.fr. Le projet est résumé en 10 questions et 10 réponses. Il doit se développer avec les volontaires des petites villes et villages, c’est un aspect important du projet. Je suis certain que beaucoup se désolent de notre situation économique et sociale. Ils ont du temps disponible, ils ont envie d’être utiles sans forcement s’engager trop. Nous proposons d’organiser leur investissement, quelques heures par mois.

Comment allez-vous réussir à attirer les citadins de grandes villes vers des villes plus petites ?

Nous l’avons remarqué ces dernières années, avec le développement du chômage, les gens ont fui vers la ville qui présente plus d’opportunités d’emplois. La région parisienne c’est 12 millions d’habitants. Mais lorsque vient la retraite, ils retournent souvent à la campagne, pas forcément celle d’où ils sont venus. Tous les départements du littoral ont vu leur population augmenter ces 20 dernières années. D’autres départements, se sont désertifiés mais ne sont pas moins intéressants, ils sont simplement moins connus.

Votre projet s’adresse à tous et aussi aux habitants de Tours ?

Bien sûr, de Tours de Joué-lès-Tours et d’ailleurs. Les futurs retraités sont bienvenus et pour les actifs, les petites villes de Touraine ne sont pas loin de Tours.

A la campagne, il n’y a pas beaucoup d’activités, on ne s’ennuie pas un peu ?

Il y a des commerces, des pharmacies, des magasins, des musées, des cinémas, parfois une piscine. Ce sont des lieux de vie calmes et agréables, loin des nuisances urbaines, propices à la balade. C’est pas mal et pour les enfants aussi. La vie en ville est devenue plus violente, moins intéressante. Et puis les confinements ont contribué à faire comprendre à beaucoup d’habitants d’appartements, que la vie dans une petite maison avec un jardin, c’est pas mal du tout.

Mais il faut de l’argent pour acquérir une maison dans ces villages ?

Les petites maisons dont le prix n’excède pas 100000 euros ne manquent pas. Les propriétaires, ou leurs héritiers, ont parfois renoncé à vendre faute de trouver un acquéreur. Des maisons à 30000 euros ce n’est pas rare vous savez. Bien sûr il faut quand même un peu d’argent, mais si vous vous investissez personnellement un peu dans la rénovation, il n’en faut pas plus que pour le paiement d’un loyer. Et puis si vous êtes un peu jardinier, si vous êtes bricoleur, si vous acceptez de réaliser vous-même les petits travaux, alors c’est possible. Il existe des aides pour encourager l’acquisition immobilière, des bénévoles pour accompagner et des prêts bancaires à taux zéro !

Merci Stéphane pour cet échange. Si un maire, un conseil municipal ou un habitant est intéressé par votre proposition peut-il vous contacter directement ?

Bien sûr notre proposition est réalisée à leur attention. Notre équipe de bénévoles se réjouit de découvrir encore plus et mieux les petites villes. Nous vous connaissons déjà bien grâce au site Hebdotours.fr. Mais surtout il faudra constituer dans chaque ville une équipe de bénévoles. C’est très important, vous allez voir, le bénévolat entraîne le bénévolat !

Stephane.gavriloff@hebdotours.fr

07.50.34.19.51

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